La Guériére et l'Alpha [Pv Storm]

Un rayon de soleil traversa la tanière où dormait Storm. Il entrouvrit un œil et bailla longuement à s'en déchirer la mâchoire. Un vent timide ébouriffa les poils du dominant lorsqu'il sortit de son abri après s'être levé, non sans mal. Pourtant, il savait que l'heure n'était plus à la sieste ; un alpha digne de ce nom ne devait pas passer ses journées à dormir. Or, depuis quelque temps, Môsieur Storm faisait son paresseux et passait le plus clair de son temps à pioncer dans tous les endroits possibles et imaginables.
Il regarda l'horizon, où le jour venait à peine de se lever. Encore une dure et longue journée qui l'attendait. Il soupira et se mit en marche ; il lui fallait tout d'abord manger quelque chose avant de passer aux choses sérieuses. Tandis qu'il marchait avec une élégance éloquente, la lumière blanche du matin, du petit matin, révéla les teintes de son corps harmonieux et musclé. Une fourrure blanche comme la neige, ce qui lui permettait de se fondre dans le paysage, des yeux gris acier, presque d'argent contrastait étonnamment avec le reste de son corps. Mais tout cela ne faisait que le rentre encore plus charismatique.

Storm continua de descendre la pente raide qui l'amena tout directement sur une plaine recouverte d'une épaisse couche de neige. Ses pattes s'enfonçaient profondément dans cette substance que l'on aurait pu prendre pour du coton mais qui n'en était pas. C'était glacé mais le loup y était habitué ; pour cause, il vivait vingt quatre heures sur vingt quatre dans la neige, affrontant avec bravoure le froid mordant. Enfin quoi, il vivait en Alaska !
Mais aujourd'hui était un jour où le froid était plus fort que jamais. Un souffle froid planait sur la vaste étendue de neige, vous prenant à la gorge et tentant de vous étouffer. Ici, tout était mort, sans vie, sans verdure. Il n'y avait que de la neige jusqu'à l'horizon. Rien ne dépassait sous cette couche de neige, même pas un brin d'herbe rebelle qui aurait décidé de montrer le bout de son nez. Mais d'ailleurs, y'avait-il vraiment de l'herbe sous cette neige qui n'avait jamais fondu depuis que Storm était ici, dans le Grand Nord. Et cela faisait bien cinq bonnes années. Non, finalement, il ne pensait pas qu'il y avait de l'herbe là-dessous et puis il s'en fichait éperdument.

Le grand dominant regarda de part et autre de lui mais il n'y avait personne en vue. L'endroit, pourtant, puait le chien. Il grogna férocement en montrant les crocs. Les chiens, il voulait les exterminer avant tout. Tout d'abord, ils avaient été la cause de la mort de son ami le plus proche et il haïssait tous ceux qui s'étaient alliés aux humains. Décidément, les bipèdes et ces détritus allaient bien ensemble. Mais ne disait-on pas « Qui se ressemble s'assemble ? » Mais rien, je dirais bien rien, ne pourrait effacer la haine que Storm portait à l'égard de ces individus. Pour lui, ils ne devraient même plus exister, ces êtres ignobles, abjects.
Ce qui l'apaisa légèrement, ce fut la pensée que son clan, au moins, détestait les chiens et les bipèdes. Car quiquonque aurait des liens avec ceux-ci serait banni et puni par l'alpha lui-même. Jusque lors, personne n'avait osé approcher les humains et les chiens, de peur de recevoir la trempée de leur vie. Quand il pouvait, Storm pouvait devenir réellement méchant voire dangereux.

Et toujours perdu dans ses pensées, il ne vit pas la femelle couchée devant lui et lui écrasa par mégarde la patte. Il recula vivement en la voyant bondir vers lui et lui montra les crocs... Puis il feinta de vouloir l'attaquer et arrêta de grogner. Il espérait lui avoir fait peur. « Depuis quand l'on s'attaque à son dominant ? » déclara t-il d'un air dédaigneux. Il avait reconnu son odeur et la regardait à présent avec méfiance et hargne.