« Une chasse à plusieurs ? » Libre.

La journée était bien avancée. Déjà bien avancée. La chaleur, elle, était suffocante, insoutenable. Les rayons de soleil brûlaient à vif tous ceux qui se promenaient inconsciemment. Heureusement, les arbres étaient là pour fournir un abri ombragé à de nombreux animaux assoiffés en cette période qu'on n'aurait pu considérer comme caniculaire. Une température que Storm n'avait pas souvent affrontée, étant donné qu'il était plus habitué au froid qu'à autre chose. Sous sa fourrure d'un blanc éclatant, l'alpha étouffait et se demandait s'il n'allait pas finir mort avant la fin de la journée. Le soleil était haut dans le ciel et plus le temps passait, plus les coins d'ombres se faisaient rares. Le loup rampait à moitié sous le sol, ses pattes s'affaissant sous son poids. La terre était chaude, même brûlante et chaque pas lui était d'une atroce douleur.

Peu à peu, à mesure que le loup avançait, les arbres se faisaient de plus en plus nombreux. Jusqu'à ce qu'il débouche enfin sur une petite clairière. A travers les buissons et les quelques troncs d'arbres, il aperçut une forme massive, hirsute et des traces de pattes fourchues dans le sol. Qu'était-ce ? Storm avait déjà sa petite idée dans la tête. A pas de loups - c'était le cas de le dire - il avança, se mouvant parmi la végétation environnante, son robuste corps se déplaçant avec une légèreté surprenante. Arrivé à la limite entre l'herbe et les arbres, l'alpha s'enfonça dans l'ombre des grands arbres et disparut dans le noir total. Les crocs découverts, le museau à ras le sol, il pistait sa proie qui lui assurerait sûrement un copieux déjeuner. Un bruissement se fit entendre non loin de lui. Storm s'arrêta net, tous les sens en alerté. Puis, soudain, une énorme bête aux poils hirsutes sortit de derrière un buisson et s'élança vers le cœur de la forêt. Sans réfléchir, le loup s'élança à sa suite, évitant avec aisance les nombreux troncs et souches d'arbres qui lui barraient le passage.

Il se rapprochait de plus en plus de sa proie. Il effectua un prodigieux bond, manquant de rater son tir, mais finit par retomber lourdement sur le sanglier. Sans attendre, il lui planta ses griffes dans une partie de son corps dénué de cette peau d'acier qui le protégeait beaucoup des coups. La bête hurla, se tordit de douleur mais c'était fini. Elle perdait énormément de sang tandis que sa patte pendait, à moitié arraché. Puis elle expira tandis que Storm s'acharnait sur elle avec une sauvagerie étonnante, qui ne lui était pas propre. Storm aurait préféré une biche, un daim, un cerf ou un autre animal mais il se contenterait bien de ceci ; il ne faisait pas le difficile sur la nourriture. D'ailleurs, il ne pouvait pas se le permettre, étant donné que le gibier ne courrait pas les chemins. L'alpha se releva, la gueule pleine de sang puis il se mit à traîner la carcasse de l'animal en direction du repaire de sa meute. Il marchait d'un pas rapide, enfin il essayait, comme s'il s'attendait à l'arrivée imminente d'une bande de loups. Oui, ce qu'il craignait le plus c'est que des animaux, alertés par l'odeur du cadavre, viennent lui dérober sa viande sous son museau. Mais de toute manière, il ne se laisserait pas faire.

Il continua sa route, en tournant la tête à droite à gauche pour repérer le moindre bruit ou la moindre présence suspecte. Il faisait très chaud, et on aurait dit que les plantes se laissaient aller elles aussi, accablées par la chaleur. Le sol était extrêmement brûlant et chaque pas était un supplice pour quiconque marchait dessus. Aussi Storm se hâtait-il de se diriger vers son repaire, en marchant avec le plus de légèreté possible, ses coussinets effleurant seulement le sol. Ah, qu'il se sentait mal avec cette chaleur phénoménale. Son poil était trempé, trempé par la sueur. Il avait la gueule grande ouverte et sa langue pendait négligemment, comme si elle pouvait tomber d'un moment à un autre.

Le soleil brillant, qui continuait son ascension dans le soleil, posait ses rayons sur le pelage du grand blanc, le teintant d'une étrange couleur dorée indéfinissable. De son ignoble père, il avait obtenu la force et la ruse. De sa défunte mère, il avait tenu l'élégance, son port de tête royal, ses courbes harmonieuses et ses lignes puissantes de son corps. Ainsi que son pelage d'un blanc étincelant. Storm était musclé et robuste, malgré tout ce qui avait été énoncé auparavant. Mais était-il seul ? Etait-il seul à cet instant à devoir supporter la chaleur suffocante, pourtant à l'abri des plus brûlants rayons de soleil. Etait-il seul à lutter contre ce vent insolent qui venait de se lever, lui offrant un peur d'air frais après tout. Storm était jeune, charmeur et beau. Mais il refusait pourtant d'admettre que, chaque jour, qui passait, il vieillissait. Bientôt, il atteindrait ses cinq ans, ce qui n'était pas vraiment beaucoup quand on y réfléchissait. Seulement, quelque chose le préoccupait ; il n'avait toujours pas de descendance, toujours pas de louve. Finirait-il sa vie seul, sans enfants et sans compagne pour lui tenir compagnie ? Que ferait-il de lui, une fois son corps vieux et fatigué, tellement vieux qu'il ne pourrait plus jamais marcher sans craindre de tomber par terre et de ne plus se relever ? Mais pour l'heure, il n'en était pas encore là. Pas du tout.

Puis, alors qu'il était perdu dans ses pensées, un bruit le fit sursauter... « Bam » Storm s'arrêta, visiblement étonné. Un loup se relevait tout juste, les oreilles basses et la queue entre les pattes. Mais d'où venait-il ? Se pouvait-il qu'il soit tombé du ciel ? L'alpha resta interdit devant cette soudaine apparition.

[Avec plaisir, Ren !]